En l’espace d’une décennie, Mark Knopfler et sa bande se sont imposés comme l’une des grandes références de l’histoire du rock. Si le succès a renfloué les comptes en banque de nos huit compères, ces derniers ne se sont jamais pris pour des rock stars. Bien au contraire, refusant de rentrer sans broncher dans le système, ils ont usé de leurs meilleurs riffs pour mettre en boîte l’écrasante MTV et n’ont jamais perdu de vue d’où ils venaient ni qui ils étaient. A l’image de leur musique ciselée et sophistiquée, Mark et ses complices sont la preuve vivante que l’on peut être une légende sans en faire des tonnes, que l’on peut gagner des milliers de dollars en sachant rester classe, discret et sincère.

Depuis sa tendre enfance, Mark Knopfler est un mordu de musique, et parallèlement à ses études de journaliste, se produit déjà dans différents groupes de rock. Lorsqu’il commence à exercer sa profession de rédacteur au Yorkshire Evening Post de Leeds, Mark fait la connaissance de Steve Philips, guitariste de formation, et fonde avec lui les Duolian String Pickers. A cette époque, Mark développe ses talents de guitaristes en suivant les conseils de son ami Steve. Mais finalement, Mark laisse tomber le journalisme et reprend la fac de lettres tout en continuant à évoluer dans plusieurs groupes. Une fois à Londres, Mark est rejoint par son frangin David qui a de son côté largué ses études. David a pour coloc un bassiste du nom de John Illsley qu’il présente à Mark. Les trois garçons créent alors leur propre groupe et commencent à travailler en 1977 sur les compos de Mark. C'est à ce moment là que le batteur Pick Withers vient s’ajouter à la formation. Le groupe décide de s’appeler tout d’abord Café Racers mais un pote leur conseille plutôt de prendre le nom de Dire Straits, qui signifie en anglais : être dans la dèche, les musiciens étant tous méga fauchés. Toutefois, leurs soucis d’argent n’empêchent pas les Dire Straits de laisser tomber leurs boulots respectifs afin de concentrer toute leur énergie sur la musique.

Le groupe enregistre ensuite des démos que le présentateur Charlie Gillett de la BBC va écouter et, complètement séduit, diffusera immédiatement sur les ondes. D’un coup, tout le monde s’intéresse Dire Straits qui signe très rapidement avec le label Phonogram. Puis le manager Ed Bicknell leur propose ses services et met en place une tournée où le groupe joue en première partie des Talking Heads. En 1978, Dire Straits sort un premier albm éponyme qui obtient un certain succès grâce au titre «Sultans Of Swing », même si le son des Straits est très loin de la furie punk qui fait rage à cette époque. Les quatre garçons dans le vent publient ensuite un nouvel opus, « Communiqué », mais Dire Straits n’échappe pas aux tensions propre à la vie de groupe, notamment lorsque celui-ci doit enchaîner moult concerts, et pour finir, David Knopfler claque la porte en 1980. « Making Movies », la troisième galette de Dire Straits, paraît la même année, et en 1982, le groupe publie « Love Over Gold », qui est considéré par les spécialistes comme l'apogée technique et esthétique du groupe, illustrée notamment par le superbe « Telegraph Road ».

Puis le groupe se lance dans la composition de la B.O du film « Local Hero » sans le batteur Pick Withers qui a quitté Dire Straits lors de la session d’enregistrement du dernier album. Pick est remplacé aux baguettes par Terry Williams. Après la sortie d'un mini-album en 1983 et d’un live l'année suivante, Dire Straits publie « Brothers in Arms » en 1985, et grâce à ce nouvel opus, atteint la consécration. Tout en symbolisant les débuts du disque compact (CD), « Brothers in Arms » contient le meilleur des Straits, avec « Money For Nothing », l'excellent titre au riff décapant, qui ironise avec brio sur l'hégémonie de MTV et de ses clips en série, « Your Latest Trick », ou encore « So Far Away ».

Après le succès retentissant de « Brothers in Arms », Mark Knopfler retourne à la composition de B.O et joue en parallèle avec un autre groupe, les Notting Hillbillies qu’il a fondé avec son vieux pote Steve Philips. En 1988, les affaires reprennent pour Dire Straits avec la sortie de la compile « Money For Nothing » qui fait un carton. Puis trois ans après, le groupe publie un nouvel album studio, « On Every Street ». Malgré de nouveaux venus dans le groupe, une envie de musique toujours bien présente, la tournée qui s’ensuit démontre un certain essoufflement des Straits qui peinent à balancer la même énergie que lors des tournées précédentes. Et lorsque en 1993, paraît un nouvel album live, le groupe décide la même année de se séparer.

Mark Knopfler continue sa route en solo, et l’on retrouvera par la suite Dire Straits dans les bacs avec les sorties de best-of et de disques live, mais à moins que les Straits soient de nouveau sans le sou, on n’aura plus jamais l’occasion de revoir Mark et ses complices réunis sur scène ou en studio…Money for Nothing?